Lieberman, Herbert – Nécropolis (City of the Dead) – 1976.
Nécropolis, c'est la "Cité des morts" : New-York, sillonnée par les fous, les mythomanes et les drogués, les assassins et les paumés de toute sorte : en proie aux intrigues de la municipalité et aux trafics d'influence ; quadrillée par les voitures de police et les ambulances dans un grand concert de hululements de sirènes et crissements de pneus. Destination finale : la morgue. Presque toujours. Au centre de ce roman, Paul Konig, médecin légiste en chef, règne sur les dépôts macabres et surveille la ville où a disparu sa fille. Ce roman a obtenu le Grand Prix de la littérature policière.
Paul Konig est le médecin-chef de l'Institut médico-légal de la ville de New-York. C'est une sommité mondiale dans son domaine. Travailleur acharné, génie de la médecine légale, passionné par la tâche colossale qu'il a de trouver des réponses, l'identité et la cause de la mort, pour chacun des cadavres qui compose le chargement amené chaque matin par les policiers, ambulanciers et pompiers de la ville. Pour toutes ces raisons, il est craint, respecté, admiré et envié. Mais avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités. Ainsi, chaque jour, il doit faire des autopsies, superviser celles de son équipe, lire des centaines de rapports d'autopsie à approuver, répondre des actes de son équipe, justifier ses décisions auprès du maire, de l'adjoint du maire et des journalistes. Il doit veiller à respecter le budget de son service et guetter le moindre signe de comportements douteux dans le personnel. Il doit investiguer des scènes de crimes, travailler en collaboration avec la police et témoigner à titre d'expert au tribunal. Il doit également former étudiants et stagiaires. Finalement, il doit esquiver les coups bas de ceux qui voudraient bien prendre sa place. Tout ça laisse peu de temps pour la vie de famille. Mais là, les événements se bousculent encore plus vite que d'habitude car, la police retrouve des cadavres atrocement mutilés et sa fille, Lolly, a disparue. Est-ce que je vous ai précisé que ce gars-là ne dormait pas?
À part l'évidente absence du téléphone cellulaire, ce livre qui date du milieu des années soixante-dix, n'a pas pris une ride. On ne sent pas le poids des trente-cinq ans qui nous séparent de l'action. À peu de choses près, les mêmes événements pourraient facilement se dérouler de nos jours, avec les mêmes réactions et interactions entre les personnages. Ces derniers sont superbement rendus dans leurs caractères et leurs réactions aux événements. On s'attache à Paul Konig, pourtant au départ pas vraiment un personnage franchement sympathique et on traverse avec lui horreurs, angoisses, inquiétudes et découragements. On admire sa farouche volonté de faire triompher la vérité et la justice et son total dévouement pour son travail. J'aime Paul Konig, il est sans fioriture et entier.
L'histoire, riche en action et en suspense, ne nous laisse aucun répit. 500 pages envolées sans effort. L'auteur a du faire des recherches vraiment poussées pour aussi bien rendre le travail de médecin légiste et décrire avec réalisme le quotidien et l’ambiance de la morgue d'une grande ville. L’effervescence, les odeurs, les personnages, les dédales de corridors. Il a un réel talent pour décrire des lieux, des scènes, des situations, mêmes complexes, avec peu de mots pour nous en faire un portrait clair qu'on peut facilement s'imaginer.
Bref, on interrompt la lecture de ce livre avec difficulté et on le termine sonné, battu. Mais on abandonne à regret Paul Konig, souverain de son vert royaume souterrain.