Avis et opinions bien personnels sur mes lectures et les choses qui tournent autour des livres.
Preston, Douglas & Mario Spezi – Le Monstre de Florence (The Monster of Florence) – 2008.
Entre 1974 et 1985, sept couples d'amoureux ont été sauvagement assassinés dans les collines de Florence. Ont suivi dénonciations, folles rumeurs et procès en série...
Douglas Preston et Mario Spezi ont repris l'enquête, qui semble déranger en haut lieu...
Leur récit, surprenant et terrifiant, sera adapté au cinéma avec George Clooney dans le rôle principal.
Le livre se divise en deux parties.
La première partie raconte les événements et toute l’enquête fait par le journaliste italien Mario Spezi. Les crimes sont tragiques et troublants. La population panique. Les scènes de crime ne sont pas protégées. La police italienne a sa façon bien à elle de mener les choses et l’efficacité n’est pas sa principale caractéristique, ni la logique d’ailleurs, c’est le moins qu’on puisse dire. Les fausses pistes se multiplient. Cette partie est compliquée parce qu’il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte, mais elle est aussi fascinante parce que les auteurs nous raconte des bouts de l’histoire de Florence, les mœurs des Florentins, la Sardaigne toute proche. Toutes sortes de détails intéressants, même des anecdotes concernant l’écriture des romans de Thomas Harris mettant en vedette son personnage le plus célèbre Hannibal Lecter. Bref, tout ce qui, de prêt ou de loin, peut nous aider à comprendre le contexte des crimes, les faits et les réactions de la population et de la police face aux meurtres commis par ce monstre.
La deuxième partie raconte les suites de l’enquête dès l’entrée en scène de Douglas Preston dans la vie de Mario Spezi. Leur quête commune pour démasquer le monstre, leur lutte pour qu’éclate la vérité face à l’appareil judiciaire italien hostile à leurs démarches. Des aventures toutes plus abracadabrantes les unes que les autres ont été vécues par les deux protagonistes. J’ai trouvé cette partie intéressante, mais moins prenante que la première partie.
Je ressors de ce livre, que j’ai beaucoup aimé, avec une opinion plutôt négative de l’Italie. Je voyais ce pays comme moderne et civilisé, et je ne dis pas qu’il ne l’est pas dans certains domaines, il l’est sûrement. Mais le portrait que nous avons dans ce livre des forces policières, c’est vraiment peu flatteur. Intimidation, arrestations arbitraires, « coupables » arrêtés sans aucune preuve concrète, dirigeants qui ne pensent qu’à l’avancement de leur carrière, aucun respect pour les victimes. Tant de vies brisées par des accusations sans fondement et des théories farfelues. C’est ridicule! C’en serait drôle si ce n’était pas si tragique.
Ça nous montre aussi combien loin peut nous mener une obsession.
Finalement, on peut lire ce livre comme un roman, se laisser prendre au jeu de l’enquête, se laisser éblouir par la promesse d’un film avec George Clooney, mais il ne faut jamais oublier que c’est une histoire vraie, que les victimes étaient de vraies personnes avec de vraies familles. Il ne faut pas oublier que le tueur lui aussi est réel.
Pour ceux et celles qui voudraient en savoir plus, je vous propose cette entrevue de Jacques Pradel avec Mario Spezi sur les ondes d’Europe 1. Le montre de Florence
Lu en 2011.