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Avis et opinions bien personnels sur mes lectures et les choses qui tournent autour des livres.

La fille du brigand

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L'Écuyer, Eugène - La fille du brigand – 1844.

 

Comme le souligne Michel Lord dans sa présentation, La fille du brigand est une oeuvre phare pour qui veut comprendre les tendances et les tensions de l'imaginaire au milieu du XIXe siècle. Comme les romans de Philippe Aubert de Gaspé fils, de Joseph Doutre et de Pierre Georges Boucher de Boucherville, le roman de L'Écuyer appartient pour une bonne part à l'esthétique dite gothique, c'est à dire que l'auteur donne une place importante au terrifiant et au frénétique dans son intrigue. La fille du brigand trace pour le lecteur d'aujourd'hui un portrait éloquent - et même frémissant ! - de l'inconscient collectif et de l'imaginaire québécois à une époque où les Canadiens vivaient sans doute encore sous l'effet du choc de la Rébellion des Patriotes. Eugène L'Écuyer (1822-1898) partage sa vie entre le notariat et l'écriture. En plus de collaborer à une douzaine de journaux et de revues, il est le rédacteur du Moniteur canadien (1850-1852) et de l'Ère nouvelle (1854).

 

La fille du brigand est le texte le plus connu d’Eugène L’Écuyer. Il fut d’abord publié en feuilleton dans le journal Le Ménestrel en 1844.

 

Nous sommes à Québec, au milieu du 19e siècle. Deux jeunes gens, Stéphane et Helmina, à la fin de l’adolescence, tombent amoureux. Les mœurs de l’époque étant se qu’elles sont, et ne disposant que de très peu d’informations l’un sur l’autre, ils s’inquiètent, chacun de leur côté, à savoir si leur père respectif consentiront à une éventuelle union. Ceci étant clair, précisons également que leur coup de foudre, et leur désespoir amoureux, sont engendrés par une rencontre de tout au plus une heure, et qu’ils se sont parlés approximativement un gros 20 minutes dans toute leur vie. Je sais que le 19e siècle est enclin au romantisme, et que les adolescents sont, qu’en à eux, enclin à l’exaltation. Mais y’a toujours ben des limites! Jugez par vous-même la réaction de Stéphane lorsqu’il apprend qu’Helmina (n’ayons pas peur de « spoiler ») est la fameuse fille du brigand, et qu’il va avoir du mal à faire avaler à son père le fait qu’il veuille épouser une telle fille (et on garde à l’esprit vu 1 heure/parlé 20min…):

«...Stéphane est dans sa chambre étendu sur une bergère, le visage d'une pâleur livide, les yeux égarés, les cheveux en désordre et les poings fermés. Tout à coup il se lève, se promène à grands pas, frappe tout se qu'il rencontre, et vient retomber sur son fauteuil; puis il se relève encore, se roule sur le plancher, déchire ses habits et regagne encore une fois son siège. Tantôt il grince des dents, s'arrache les cheveux, se meurtrit les bras; tantôt il pleure, il gémit, il tremble convulsivement...»

 

Se roule sur le plancher? Ai-je besoin de vous préciser que c’est over mélodramatique et hystériquement sentimental?

 

L’histoire est convenue et d'une moralité sans reproche. Il est vrai qu'on s'étonne plusieurs fois au cours de la lecture, mais je ne suis pas certaine qu'on soit surpris où l'auteur s'attendait à se qu'on le soit. Je pensais avoir de la difficulté à m’adapter au style d’écriture de l’époque, mais pas du tout, c’est assez fluide. Les personnages sont intéressants.

 

Bon, vu avec les yeux de 2011, tout ça fait plus sourire que pleurer, et on a plus le goût de secouer ce pauvre Stéphane que de compatir à ses malheurs. Évidemment le livre offre une description des mœurs des résidents de Québec au milieu du 19e siècle. L’intérêt du livre est vraiment plus de savoir que dans ce temps-là Cap-Rouge était une forêt qui suscitait crainte et effroi, car elle était remplie de repères de brigands. Ça fait d’autant plus sourire sachant qu’aujourd’hui Cap-Rouge est un quartier résidentiel de Québec, tranquille et assez aisé. Il est aussi intéressant de noter que le narrateur parle au lecteur. Lorsque, par exemple, l’histoire ramène un personnage que nous n’avons pas vu depuis quelques chapitres, le narrateur y va d’un « ...nos lecteurs se souviendront que nous avons vu plus tôt Monsieur Chose… ou ...nous dispenserons nos lecteurs d'une description de cette scène qu'ils imaginent certainement... ». C’est peut-être un effet de la transition entre la tradition orale du conteur, et la nouvelle forme, pour le Québec de l’époque, d'une diffusion écrite des histoires.

 

Lu en 2011.

 



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http://img4.hostingpics.net/pics/650677QubecEnLivres2.jpgQuébec en livres 1/10


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